Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.


Forum dédié à Red Dead Redemption
 
AccueilDernières imagesRechercherS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment :
Jeux, jouets et Lego : le deuxième à ...
Voir le deal

 

 Nouvelle Futuriste

Aller en bas 
AuteurMessage
.
Hors-la-loi.. à jamais



Messages : 1060
Date d'inscription : 21/03/2011
Age : 61
Localisation : Dans les plaines, observant le soleil se coucher

Nouvelle Futuriste Empty
MessageSujet: Nouvelle Futuriste   Nouvelle Futuriste EmptyDim 26 Juin 2011 - 7:30

1.


J’étais dans la ceinture Ouest de la Nécrozone.
Les quartiers pauvres.
Pas folichons du tout.

Appuyé contre un lampadaire rouillé, je poirotais depuis près d’une heure sous une flotte dégueulasse et puante.
Comme si le ciel vomissait toute la froideur de la mort sur mes épaules.
Je m’occupais quelques instants à y chercher un message mais mon esprit était aussi embué que cette ruelle et j’abandonnais bien vite.
Je reniflais bruyamment et remontais le col de mon imper.
J’étais trempé de toute cette saloperie qui s’abattait sur la ville.

A travers le grésillement épais de la pluie je vis la porte du bistrot enfin s’ouvrir et une silhouette en sortir, le nez en l’air.
Elle s’est prise toute la merde dans la figure mais çà n’a pas eu trop l’air de la gêner.
L’habitude, sans doute.
Ses vieux godillots se sont éloignés du trottoir, marchant dans la boue et les détritus spongieux qui encombraient la chaussée, faisant fuir un énorme rat.

Indifférent, le gars.
Quand il s’est mis à marcher dans ma direction, la puce s’est agitée avec un rien d’affolement à mon poignet.
Je l’ai calmée d’un mouvement sec de la main et l’écran s’est contenté de pulser une lueur verte intermittente, réceptionnant les biorythmes du gibier.
Il traversa la rue, sembla hésiter et opta pour la mauvaise direction.
La mienne.

Sans le quitter des yeux, j’ai sorti mon arme de son Holster et l’ai calmement armé.
D’un geste lent et précis, ma main gauche est venue menotter la droite.
L’homme avançait en regardant le sol.
Bizarrement, il ne semblait pas m’avoir remarqué.

J’ai lentement levé l’arme, la pointant vers le ciel et me suis essuyé le visage d’un revers de la manche.
Le type n’était plus qu’a une dizaine de mètres de moi, avançant en titubant sous la flotte.
J’ai ramené l’arme à l’horizontale, devant moi et me suis solidement campé sur les jambes, en position de tir.
C’était du gâteau mais je ne laissais jamais de place au hasard : le meilleur moyen, selon moi, de foirer l’infoirable.
A la lisière de mon champ de vision, sur ma droite, j’ai vu qu’un type m’observait de l’autre trottoir, immobile.
Simple badaud ou..

Pas le temps de m’y attarder. J’ai rempli mes poumons d’un bon litre d’air salopé que j’ai relâché doucement avant de bloquer net ma respiration.
Mon index a pressé la virgule froide de la queue de détente jusqu’à l’arrêt de la première butée.
Le cradot a relevé la tête, à trois bons mètres de moi et ses yeux délavés ont rencontré les verres fumés de mes lunettes.
Sa bouche édentée s’est ouverte mais aucun son n’en est sorti.
J’ai ramené l’index en arrière et mon arme a sauté dans mes mains.
Mes deux avant bras ont suivi le mouvement.
Sous l’impact de la balle a fragmentation le gibier a bondit en arrière, comme si une main invisible et géante l’avait brutalement tiré dans son dos, par les cheveux.
Il s’est effondré deux mètres plus loin, dans la rigole, la nuque éclatée.
Mort avant même d’avoir touché le sol.
J’ai rangé mon arme dans son étui sans affolement.
Le type de l’autre trottoir avait disparu.

Par contre se ramenaient a la vitesse de la foudre tous les clodos et autres paumés du secteur. Hésitants l’espace d’un instant et puis ce fut la curée.
On lui faisait les poches, on lui arrachait son pantalon, ses pompes même.
Un clodo moins malin que ses congénères poussa un hurlement de joie en brandissant une pièce de cinq nickels qu’un gamin lui faucha instantanément avant de s’enfuir, poursuivi par deux types armés de couteaux.

Je tournai le dos au spectacle, rentrai les épaules et m’éloignai.
Cette pluie qui ne s’arrêtai pas..
Par delà les grognements des vautours affairés sur le cadavre, un cri retentit, plus loin.
Les deux méchants avaient dû rattraper le gamin.

Revenir en haut Aller en bas
https://lesmysteresdelouest.forumgaming.fr
.
Hors-la-loi.. à jamais



Messages : 1060
Date d'inscription : 21/03/2011
Age : 61
Localisation : Dans les plaines, observant le soleil se coucher

Nouvelle Futuriste Empty
MessageSujet: Re: Nouvelle Futuriste   Nouvelle Futuriste EmptyLun 27 Juin 2011 - 5:53

Je suis rentré me réchauffer dans le premier Drink In rencontré.

A l’Oasis que çà s’appelait.
Je ne savais pas ce qu’était une Oasis mais la connotation semblait franchement exotique a voir les palmiers en 3D qui se balançaient mollement, à travers les fumées bleutées qui noyaient la salle.
Je me suis dirigé vers le fond de la pièce en repoussant mendiants, rôdeurs et autres putains en quête de nickels.
Je me suis finalement écroulé dans un fauteuil miteux. Dos au mur, dans un coin et face à la porte.
Vision globale de la salle.
Voir sans être vu. La rançon de la survie.

Tout a côté, une demi-douzaine de zonards étaient agglutinés autour d’un Distribuveur, le secouant et s’acharnant vainement à le retourner.
L’appareil tentait bien de protester mais rien n’y faisait.

« Arrêtez ! Vous n’avez pas le droit ! Je suis un appareil de consommation publique protégé par la Convention Administrative d’Avril 2036..Vous êtes coupables d’une violation des décrets de.. »

Un coup plus violent que les autres le fit taire, ce qui ne fut pas pour me déplaire, je l’avoue.
Un des responsables du Drink In se décida à intervenir quand il vit nos amis assoiffés tenter d’y mettre le feu mais je me désintéressais de la scène.
J’étais là pour me réchauffer, en buvant un coup.
Point barre.

J’insérais ma carte de crédit dans la fente du Distribuveur, encastré dans les accoudoirs de mon fauteuil.
L’écran s’illumina avec difficulté, l’image zébrée de parasites.
Elle se stabilisa enfin et je commandais un CAF.
Je présumais naïvement de l’absence du E ou découvrirais l’essence même de la boisson exotique made in Oasis.
J’humectais prudemment mes lèvres.
Je ne reconnu ni le goût du café, ni son odeur et encore moins sa couleur.
Mais c’était chaud et légèrement sucré.

Je m’en suis contenté, trop fatigué pour me prendre la tête avec de vulgaires questions d’intendances.

De fines piqûres ont traîtreusement assailli mon poignet, me faisant sursauter et inondant mon pantalon de café (je sais, nous ne sommes pas sûr que s’en était mais là, présentement, on s’en fout, non ?).

La puce semblait folle d’excitation, spot rouge en position clignotante.
J’ai froncé les sourcils tout en la calmant et en balayant la salle des yeux.

Ce n’était pas la procédure..
Revenir en haut Aller en bas
https://lesmysteresdelouest.forumgaming.fr
.
Hors-la-loi.. à jamais



Messages : 1060
Date d'inscription : 21/03/2011
Age : 61
Localisation : Dans les plaines, observant le soleil se coucher

Nouvelle Futuriste Empty
MessageSujet: Re: Nouvelle Futuriste   Nouvelle Futuriste EmptyLun 27 Juin 2011 - 19:25

Les listes étaient communiquées chaque matin. Jamais d’imprévu ni d’erreur.
Le système était rôdé.

Je retirais mes lunettes, sacrifiant à mon rituel mais voulant optimiser ma vision.
Les volutes de fumée s’étaient épaissies avec le début d’incendie et je scrutais les clients avec difficulté.
La salle était bondée.
Pas moyen de discerner la cible.

Je me levais et m’approchais du comptoir qui formait un cercle au centre du Drink In.
La puce finit par localiser le gibier, à l’autre extrémité de la salle, non loin de la porte de sortie.
Un gars obèse, vêtu d’une chemise Hawaïenne plus sale que colorée, a moitié écroulé sur sa table et somnolant dans sa salive.

Je remis mes lunettes et me déplaçais pour m’adosser contre la bulle de Limpax qui donnait sur la rue.
Ou plutôt qui aurait dû donner sur la rue.
Tellement remplie de merde des deux côtés qu’elle en était devenue opaque.

Nouvel angle de vue. Tout était dégagé.

« Hé, mec ! T’aurais pas un nickel, mon camarade ? »

La fumée semblait plus épaisse par ici et bien qu’à seulement quelques pas, la silhouette demeurait brouillée.

« Juste un nickel »

Les conditions n’étaient pas requises.
Sortir et attendre.. Mais cette pluie glaciale finirait par me tuer.
Tant pis.

« Allez, mec !.. Avec les fringues que t’as sur le dos.. File-moi un nickel. Ou alors tes lunettes ! »

Le clochard, simple ombre auparavant, apparut dans mon champ de vision et je le repoussais sans ménagement, d’un revers du bras.
Tant pis pour la fumée.
Avancer plus près signifiait un tir a bout portant.
Trop de risque de me faire éclabousser mon imper. Il m’avait coûté assez cher.

L’exacte réplique de celui de Christophe Lambert dans Highlander m’avait certifié la vendeuse.
J’ignorais totalement qui était ce Lambert mais l’imper me plaisait et je l’avais acheté.

« Rien qu’un tout petit nickel de rien du tout, mec.. Allez, sois sympa. »

Je sortis mon flingue de son étui et engageais automatiquement la première balle dans le canon, d'un geste habitué.
Pour la première fois de la soirée, mon pote ne trouva rien a dire.
Sa bouche édentée s'ouvrit sur de vilains chicots mais aucun son ne sortit.

La puce redevint folle.
Je pressais progressivement la détente, la mire laser traçant une parfaite ligne droite, rouge et meutrière.
Perçant les volutes de fumée.
Plein coeur.

Le type ne vit rien arriver et n’eut même pas le temps d’avoir mal. Il sembla littéralement exploser, partit en arrière et s’écrasa contre le mur, y laissant une tâche sanglante et écœurante.
Il glissa sur le sol lentement, presque au ralenti.

Plusieurs putains se mirent a hurler tandis que d’autres se couchaient à terre – la force de l’habitude, sans doute – les mains sur la tête.

« Ben merde.. » a soufflé mon pote le clodo.

C’était le mot.
Tout le monde s’écartait précipitamment, se bousculait, s’injuriait copieusement.
Je rengainais et me dirigeais vers la porte en disant pardon, pardon, chaque fois qu’un dos me barrait le passage.
Ne pas traîner ici, surtout.

Un pas et je fus dehors.
Dans la merde, la boue et les détritus.
Mais dehors.

«Hé, mec ! .. Pourquoi t’as fais çà ? »

Je remontais le col de mon imper et m’éloignais d’un pas décidé.
Avec toute cette gadoue mes baskets blanches avaient viré au noir anthracite. J’allais finir par les bousiller à force de les mettre au recycleur.

« Waouuuh ! »

Mon nouvel ami s’accrochait.

« J’ai trouvé ! » gueula t’il. « T’en es un ! C’est çà, hein ? T’en es hein ?! »

Comme quoi être pauvre n’empêche en rien la perspicacité.

« Enfant de salaud, va ! »

J’accélérais le pas dans la nuit qui tombait.
Moi qui n’avais jamais connu mes parents. Juste une image Tridi’ figée ou je cherchais désespérément un souvenir.

Plus de bruit derrière moi. Je me retournais et scrutais la rue.
Le clodo avait disparu mais un type m’observait, depuis un angle de rue, plus loin.
Le type de tout à l’heure, semblait’il.
Pas le temps d’esquisser un geste. Il fit demi-tour et disparut aussi vite dans l’obscurité.

Haussement d’épaule fataliste d’un type fatigué.
Je constatais seulement a ce moment que la pluie avait cessé de tomber.
Revenir en haut Aller en bas
https://lesmysteresdelouest.forumgaming.fr
.
Hors-la-loi.. à jamais



Messages : 1060
Date d'inscription : 21/03/2011
Age : 61
Localisation : Dans les plaines, observant le soleil se coucher

Nouvelle Futuriste Empty
MessageSujet: Re: Nouvelle Futuriste   Nouvelle Futuriste EmptyMar 5 Juil 2011 - 17:45



2.


La Résidence du Marais.

Je dirais, si jamais un jour, pour une obscure raison, on me demandait mon avis, que c’est un endroit relativement calme, plutôt propre, situé non loin des Jardins Municipaux.. mais encore trop près, à mon goût, du Centre POP.

C’est mon chez moi.

Une tour de verre ayant une vague consonance pyramidale ou s’entassent, comme dans un château de cartes, plusieurs centaines d’alcôves locatives pompeusement baptisées "Lofts de séjour".
Pas le luxe, bien sûr.
Très loin même des Quartiers Eden.

Mais un simple Furet n'a pas loisir a faire le difficile.

J’insérais ma carte biologique dans le sas d’entrée qui me la recracha deux secondes plus tard, avant de s’effacer dans un chuintement pneumatique bruyant.

Je pénétrais dans le hall fortement éclairé de l’immeuble et appelais l’ascenseur.
Celui-ci accourut immédiatement et je ne put m'empêcher de lui lancer un regard suspicieux.

Il me transporta jusqu’au vingt septième étage (droite), là encore, en un temps record.
L’espace d’une seconde, je fus tenté de le faire homologuer mais je ne parvenais pas à chasser mes doutes a son encontre et, surtout, j’étais vraiment (mais alors : vraiment !) crevé.

Quelques pas dans le couloir et je m’immobilisais devant ma porte.
Une voix rauque et cassée, sortit du Connecteur.

« Identification et objet de la visite, je vous prie ».

J’ignorais à qui appartenait cette voix.
C’était Elibeth qui l’avait choisi, il y a une éternité.
Peut être même dans une autre vie, en y réfléchissant bien.

C'était celle d'un chanteur.
Où d'un acteur.. Je ne me souviens plus.

Juste qu'elle le surnommait Sly.

Quelle importance, aujourd'hui ?..

"C'est moi. Allez, ouvre !"

La porte s'est effacée silencieusement et je suis entré.
Automatiquement, toutes les lumières se sont allumées.

Intensité minimale.
L'obscurité est mon refuge.

Intérieur simple, rassurez vous : le tour du propriétaire ne prendra que deux lignes.

Un minuscule hall d'entrée avec une armoire de rangement branlante.
Tout de suite, sur la gauche, la cuisine que je soupçonne encore plus petite que l'armoire sus nommée et, au bout du couloir, la pièce de vie.. et de sommeil.
Un coin repas. Un coin dodo.
Point barre.
(Que ceux qui ont compté les lignes pour vérifier m'adressent leur réclamation, j'y répondrai).

D'un geste las, j'ai ôté mon imperméable, mon cuir marron et j'ai balancé mon flingue sur le pieu.
Mes baskets et mon jean, trempé, ont filé au recycleur.

Un coup rapide d'œil par la fenêtre.

La douche me fait du bien, enlevant cette infecte odeur de pourriture et de mort qui me collait à la peau depuis ce matin.

J'ai enfilé une sortie de bain avant d'aller me verser un whisky.

Le Mémorisateur ne contenait que des annonces.
Mais quelque part, c'était logique.
Pas d'amis, pas d'appels.

J'ai fini mon verre d'un trait avant de m'allonger par dessus les couvertures, les bras croisés sous la nuque.

C'est seulement a ce moment là que je me suis aperçu que j'avais encore mes gants.
Revenir en haut Aller en bas
https://lesmysteresdelouest.forumgaming.fr
.
Hors-la-loi.. à jamais



Messages : 1060
Date d'inscription : 21/03/2011
Age : 61
Localisation : Dans les plaines, observant le soleil se coucher

Nouvelle Futuriste Empty
MessageSujet: Re: Nouvelle Futuriste   Nouvelle Futuriste EmptySam 9 Juil 2011 - 12:54

3.


La puce m'a réveillé en sursaut.

Bzz ! Bzz ! Le Putter.
Piq ! Piq ! L'aiguille.

Je l'ai calmé d'un geste de la main et me suis étiré, paresseusement.
Je suis resté comme çà, immobile, les yeux mi-clos, durant de longues minutes avant de demander à Sly d'inverser la polarisation de la fenêtre.

Ce qu'il a fait.
Bien sûr.

Le jour s'est levé, chez moi.
Gris, pluvieux, venteux.

En un mot : pourri.

Je crois bien que j'ai soupiré.
Cette putain de ville était sous la flotte (si tant est que c'était bien juste de la flotte !) plus de trois cent jours par an.
Ce qui avait eu pour principale conséquence d'envoyer les gars de la météo, devenus inutiles, grossir les rangs des miséreux qui arpentent les rues.

Je me suis levé, doucement.
Si Sly n'avait pas dysfonctionné, il devait être huit heures.

Une douche chaude et un café (un vrai !) ont achevé de me réveiller.
C'était bien la pire chose qui pouvait m'arriver !
Toute la grisaille m'est alors apparue, aussi loin, par la fenêtre, que pouvait porter mon regard.
Partout la même désolation.
Un ciel si lourd et si bas que les nuages semblent posés sur les toits des immeubles.

Il ne pleuvait pas.
Pas encore, du moins.

J'ai enfilé un nouveau jean, ma paire de baskets de rechange, un polo, mon cuir, mon imper..
J'étais prêt, j'étais beau.

.. Non, j'déconne !

J'ai vérifié mon Sauer & Sohn avant de le glisser dans mon holster et d'attraper mes lunettes.
Verres marrons fumés - un comble ! - pour dissimuler mon regard.

Mes gants et je suis prêt.
Furet a toi de jouer !

Seulement quatre gibiers aujourd'hui, m'a soufflé la Puce, alors que je quittais l'appartement.

L'ascenseur (le même que la veille mais avec quelques graffitis en plus) a surgit de derrière la porte, moins de trois secondes après mon appel.

Cette fois, je lui ai fais part de mes soupçons quant au fait qu'il devait se planquer chaque fois que je rentrais où sortais de chez moi, mais il ne m'a pas répondu.
Je suis certain qu'il faisait semblant de ne pas entendre mais j'ai haussé les épaules.
Inutile d'insister.
De toute façon, les ascenseurs étaient plutôt limités en terme de discussion.

Bien qu'une fois, un voisin m'ait dit que..
Bon.. ok.
On s'en fout.

J'ai débouché dans le Hall où trois robots d'entretien nettoyaient le carrelage, échangeant des Bips réguliers, comme pouvaient converser, il y a quelques années, les préposés au nettoyage, aujourd'hui dans la rue.

J'ai consciencieusement éviter de marcher là où le carrelage était sec avant de sortir.

Dehors, il ne pleuvait toujours pas.
Cà en devenait bizarre.

J'ai pris le Tube.
Toujours la Nécrozone, Ceinture Nord, cette fois.
J'allais finir par connaitre tous les paumés du coin, à force.
On n'allait pas tarder a se tutoyer.

Je n'ai pas eu à marcher longtemps.
La puce s'est vite affolée. Mon premier Gibier de la journée.

La puce me l'a signalée, sortant d'une boutique que l'on aurait pu croire abandonnée, les bras encombrés d'un volumineux paquet.

"Déjà Noël ?.."

La grosse dame m'a souri, ce qui l'a répondue encore plus effrayante, et m'a répondu que non.
C'était en fait un Syntax Vocal pour son Cuisineur.

De lui dire que je n'en n'avais rien a foutre a paru la surprendre mais pas la choquer.
Elle a haussé les épaules, fait demi tour et son énorme carcasse s'est éloignée en claudiquant.

Oh, pas très loin, en fait.
Pas plus de cinq mètres.

Les deux balles à fragmentation ont dû lui faire très mal car elle s'est arrêtée net.

"Surprise ." ai-je soufflé.

Son dos immense virait au rouge intense, ce qui jurait violemment avec la couleur verdâtre du peu de cheveux qui lui restait.
J'allais lui en faire la remarque lorsqu'elle glissa au sol avant de s'immobiliser totalement.

Je m'approchais du corps.
Soit elle était morte, soit elle était terriblement douée pour simuler.
La puce scanna le visage, glissant mon code d'identification.

Le reste concernait les services de nettoyage de la cité.

J'ai chopé mes deuxième et troisième gibiers un peu plus tard, coup sur coup.

Le second était penché à sa fenêtre, au second étage, discutant haut et fort avec une espèce de loque crasseuse qui voulait absolument rentrer dans l'immeuble.
Malingre et le teint jaune (bien que n'étant pas Asiatique !), la barbe de trois jours qu'il arborait le rendait encore plus creusé et je le devinais malade.

J'ai rapidement mis fin a la conversation en expédiant un médicament de choc en pleine face du méchant propriétaire.
Je ne saurais dire l'effet que çà lui a fait car il n'est pas réapparut.

Quant a la loque, elle a démarré en trombe, pulvérisant a coup sur le record du cent mètres.
J'ai applaudi, en connaisseur, avant de m'éloigner.

Le troisième gibier, lui, a simplement basculé par dessus le parapet de sécurité auquel il était accoudé et s'est écrasé trente mètres plus bas, sur le bitume, dans un bruit écoeurant.

De fait, cela m'a permis d'avoir vingt minutes (celles de la descente escarpée ) pour maudire ma stupidité avant de pouvoir scanner ma signature.

Et de prendre une décision : j'ai faim !
Revenir en haut Aller en bas
https://lesmysteresdelouest.forumgaming.fr
.
Hors-la-loi.. à jamais



Messages : 1060
Date d'inscription : 21/03/2011
Age : 61
Localisation : Dans les plaines, observant le soleil se coucher

Nouvelle Futuriste Empty
MessageSujet: Re: Nouvelle Futuriste   Nouvelle Futuriste EmptySam 16 Juil 2011 - 12:03

4.


L'Italie.

Venise.
La place St Marc.

Les Holocrans fixés aux murs balayaient dans un flot continu ces images ne représentant, pour moi, que de vagues réminiscences scolaires, enfouis dans le tréfonds d'une enfance oubliée.

Je n'ais quasiment aucun souvenir de cette période.
Mes plus jeunes années semblent enfouies dans une obscure partie de mon cerveau et je me souviens combien mon père, lorsque nous en parlions, en était déçu et attristé.

Se détachant de ce flot ininterrompu, mon regard balaya la salle du petit restaurant.
Peu de clients présents, ce qui n'est pas pour me déplaire.
Je suis fatigué de sursauter au moindre éclat de voix où lorsqu'une porte se claque.

Le café est agréable, serré et sucré comme il sied.
La note a régler et je file.

Piq ! Piq ! Piq !
La puce me chatouille désagréablement l'avant bras, me désignant l'un des clients, a une table voisine.

Figurez vous que je l'ai engueulé -la puce, pas le client-, lui reprochant cette désagréable habitude à mélanger boulot et plaisir.
Elle n'a rien répliqué, préférant s'écraser, sure de son tort.

Le déjeuner m'avait plu, aussi n'ai je pas voulu causer de tort au proprio.
J'ai attendu.

Pas plus de dix minutes, en fait.
Le type à réglé sa note avant de se lever.
Difficilement.

D'une démarche hésitante, le vieil homme s'est dirigé doucement vers la sortie.

Je l'ai suivi, dubitatif.
Ils étaient parfois vaches au Centre POP.
Ce type là devait bien avoir quatre vingt dix piges.
Pour la petite vingtaine qui lui restait a courir, on aurait pu lui foutre la paix et le laisser finir ses jours peinards, entre son resto Italien et ses ballades au Parc, sous la flotte.

Seulement voilà, le Centre ne faisait pas d'exception.
Jamais.

J'ai secoué la tête, furieusement.
Vacherie ! Qu'est ce qui m'arrivait à penser des conneries pareilles ?

J'ai accéléré le pas et l'ai rattrapé alors qu'il s'engageait dans une allée déserte du Parc.

J'ai sorti mon arme et l'ai armé d'un claquement sec.

Le vieil homme s'est arrêté.
Ses épaules ont parues se vouter un peu plus, comme si le poids des années que j'allais lui voler s'était soudainement abattu sur son dos.
Il s'est retourné.
Lentement.

Il m'a dévisagé avant d'afficher un mince sourire et de souffler :

"Ainsi donc, voilà que le destin ma rattrape".

En y repensant, plus tard, je me suis dit que c'est là, à ce moment précis, que j'aurais du appuyer sur la détente.

Mais je ne l'ai pas fais.
La voix semblait m'avoir hypnotisée.
Comme si..

L'homme eut un petit geste fataliste, de la main, affichant toujours ce sourire désabusé.

" Vous voulez savoir ce que je regrette le plus ?.. C'est de ne pas l'avoir su plus tôt."

J'ai froncé les sourcils, ce qui a semblé l'amuser.

Il s'est légèrement penché vers moi, a regardé par dessus mon épaule comme a la recherche de quelque espion dissimulé, me glissant comme dans une confidence :

"J'aurais repris du dessert".

Impressionné par tant de sérénité, j'ai levé mon arme et la mire a dessiné un vilain point rouge sur le front ridé.
Mais quelque chose, au plus profond de moi, m'a crié de ne pas tirer.

Comme si, instinctivement, toutes les fibres de mon corps se refusaient a obéir.

Ma main a tremblé, pour le première fois.

Alors, d'un geste lent, j'ai ôté mes lunettes et je l'ai regardé.

On de doit jamais regarder un gibier.
Ce ne sont que des images à effacer.
Point. C'est la règle.

Mais ce visage..
Son regard a plongé dans le mien avant que je n'ai le temps de me dérober et j'ai vu la surprise briller dans ses yeux gris.

Sa main tremblante s'est doucement levée, comme s'il voulait la poser sur ma joue.
Ses lèvres se sont entrouvertes et il a murmuré un mot que je n'ai pas compris.

Alors, il l'a répété.

"Rick".

Mon cœur a brusquement cessé de battre dans ma poitrine, comme si une main glaciale l'avait enserré.

"Noooon".

J'ai hurlé en vidant mon chargeur.
Je n'ai cessé d'appuyer sur la queue de détente que lorsque le clic ! clic ! clic ! est parvenu a percer les brumes de mon cerveau.

J'ai finalement lâché mon Sauer et je me suis laissé glisser au pied d'un arbre, la tête entre les mains.

Je suis resté ainsi, prostré, durant de longues minutes.
Insensible a la pluie.
Incapable de réagir.

Mais mon esprit, lui, voyageait.
Il remontait les années, libérant des souvenirs que je croyais perdus a jamais.

Et j'ai pensé à O'Neill.
Un matin comme les autres.

Sauf que ce jour là, il avait vu le nom de sa sœur sur la liste des gibiers qu'il devait effacer.
Sa petite sœur.

Son cœur, comme il l'a surnommait.

Merde.
Il n'était pas possible que le Centre ignore ce genre de choses !

Il avait voulu que son nom soit retiré.
Reporté.
Qu'un autre Furet s'en charge.
Que..

Rien n'y avait fait.
Aucune exception. C'était la loi.
C'était a lui de faire le sale boulot.

Alors, O'Neill avait fait la seule chose que le Centre POP n'avait pas prévu : il s'était fait sauter la tête.

Et un autre Furet s'était chargé du travail.
Comme il l'avait demandé.

Une main s'est posée sur mon épaule et j'ai tressailli.

"Debout !.. Mains sur la tête."

J'ai relevé la tête.
Deux flics en tenue de combat me braquaient, l'air très méchants.

L'un d'eux tenait un M40 "Cracheur de Mort".

La visière bleutée du sergent lui dissimulait le regard et je voyais, en filigrane, s'inscrire des données chiffrées.
Sur son épaule, la microcam était braquée sur moi.
C'était elle qui lui donnait ses infos.

A deux mètres du sol, flottant doucement, un Droïde de sécurité enregistrait la scène.

Ils étaient en train de me rechercher dans leurs fichiers et je décidais de leur filer un coup de main.

"Je travaille pour le Centre".

Le sergent n'a pas réagi, ni répondu.
Mais j'ai deviné que les données visuelles s'accéléraient.
Une photo de moi, s'est bientôt dessinée dans un coin de sa visière et des identifications ont défilées.

Sans un mot, il a rangé son arme, invitant son homme en faire de même.
Le Droïde, dans un sifflement, a regagné le Patrouilleur, stationné a quelques mètres.

Je me suis levé doucement avant de ramasser mon arme.

"T'étais obligé de t'acharner comme çà, sur ce vieux machin ?"

J'ai pivoté. Blême.

L'autre flic -l'inévitable numéro trois des patrouilles urbaines- était accroupi auprès du corps et me dévisageait, l'air méchant, lui aussi.

Je n'avais décidemment pas trop la cote et j'ai préféré m'éloigner, le ventre glacé.

Un peu plus loin, je me suis accroupi derrière un buisson avant de dégueuler.
Merde, tiens. C'était normal.

Je venais de buter le père de mon père.
Revenir en haut Aller en bas
https://lesmysteresdelouest.forumgaming.fr
.
Hors-la-loi.. à jamais



Messages : 1060
Date d'inscription : 21/03/2011
Age : 61
Localisation : Dans les plaines, observant le soleil se coucher

Nouvelle Futuriste Empty
MessageSujet: Re: Nouvelle Futuriste   Nouvelle Futuriste EmptyDim 17 Juil 2011 - 17:45

5.


Je ne sais pas comment je suis rentré.
Je ne me souviens de rien.

Ni du regard des passants, ni de la pluie, du Tube où d'avoir même regagné mon immeuble.

De rien.

En tous cas, de rien avant d'avoir regagné mon appartement.

Dans la semi-pénombre, le blip orangé du Mémorisateur semblait avoir une couleur de sang.
La voix de mon frère..
Eteinte.

" .. Rick ?.. C'est moi.. Ecoute... rappelle moi vite, il est arrivé quelque chose.."

Cinq ans de silence avant d'avoir cette seule phrase pour échange.

Pas besoin de te rappeler, Bill, j'en sais plus que toi.

Je me suis allongé doucement sur le lit et j'ai senti mes yeux se noyer dans un océan de tristesse.
On dit que les chaines de l'homme se brisent dans la douleur..

Je confirme.

Revenir en haut Aller en bas
https://lesmysteresdelouest.forumgaming.fr
.
Hors-la-loi.. à jamais



Messages : 1060
Date d'inscription : 21/03/2011
Age : 61
Localisation : Dans les plaines, observant le soleil se coucher

Nouvelle Futuriste Empty
MessageSujet: Re: Nouvelle Futuriste   Nouvelle Futuriste EmptyDim 21 Aoû 2011 - 14:19

6.



Dix ans se sont écoulé, depuis.

Où était ce dix jours ?..
J'ai perdu la notion du temps.

Je ne pense pas que le whisky ingurgité durant ce laps de temps ait une quelconque vertu thérapeutique, mais les brumes de mon cerveau m'ont aidé a chassé ce souvenir.

Je l'ai poussé, chassé, repoussé de nouveau, et finalement contenu dans un coin sombre de ma mémoire, l'obligeant a demeurer silencieux.

Chaque matin demeurait pourtant mon pire ennemi : le souvenir profitait de mon état ensommeillé pour resurgir insidieusement et dessiner son affreux visage devant mes yeux mi-clos.

Ce jour là, pourtant, pour la première fois, je réussi a facilement le repousser.

Comme d'habitude, Sly avait inversé la polarisation.. et le soleil avait inondé mon appartement !

De stupeur, j'en étais resté con pendant près d'une minute.
(Rigolez : çà vaut mieux que certains pour qui çà dure toute une vie !).

Un VRAI soleil en plein mois de Juin !

Cà relevait de la plus pure anomalie et j'esquissais un sourire en pensant au chambardement que çà devait procurer dans toutes les station météos de la ville.

J'ai repoussé les draps et me suis levé d'un bond.
Dimanche annonçait mon Calenday.

Pur moment.

Direction la douche.
Blazer foncé, pantalon clair et ma plus belle chemise blanche.
(Bon, en fait, j'en ai qu'une, mais elle est vraiment belle).

J'ai enfilé mes lunettes et suis sorti.

L'impression de me sentir tout nu sans mon flingue et mes gants s'est vite dissipée et je n'ai pas eu le cœur de me disputer avec l'ascenseur.

La rue.
Le soleil qui caresse mon visage, comme dans un rêve.
J'avais complètement oublié comme c'était agréable : réminiscences lointaines de vacances a la mer.

Les mains dans les poches, j'ai déambulé, peinard, au hasard des quartiers commerciaux.
Il y avait du monde, dehors.
Beaucoup plus que d'habitude.

Effacée la grisaille.
Balayée la pluie sale et puante.

Le sourire léger était de mise, les gosses courraient en tous sens, les filles étaient jolies, les..

Ca vivait, bon Dieu !..

Pas de la survie, comme a l'habitude, non..
De la vie, de la vraie vie !

Terriblement précaire.
Et donc si précieuse.

Je me sentais léger et me suis orienté vers les Quartiers riches, là où l'herbe était plus verte et le ciel toujours bleu.
Le Climaficiel coûtait une petite fortune aux nantis mais que ne paierait-on pour faire face aux feux du soleil ?..

Deux gardes civils sont sortis de leur baraquement et m'ont regardé approcher.
Le plus grand avait le crane dégarni, arborait une barbe de trois jours.. et de petites lunettes rondes qui contredisaient furieusement son aspect primitif.
Sa main glissa imperceptiblement vers son Holster.
Le second, un rouquin au visage constellé de taches de rousseur semblait électrisé, passant et repassant nerveusement sa main dans sa tignasse.
Si leurs regards ne transportaient que haine et méfiance, ils semblaient toutefois presque amicaux en comparaison aux yeux fous, injectés de sang, de leur chien mutant.

Toute la zone Sud de la Métropole était ainsi ceinturée de postes contrôle et autres systèmes électroniques de surveillance, par balayages infra.

Personne, absolument personne, ne pouvait y pénétrer sans avoir montré patte blanche.

Tout risque d'infiltration de la racaille était donc écarté, chacun restait chez soi, dans sa merde.
Simplement, celle qu'on trouvait par ici, brillait un peu plus.

J'ai tendu ma carte du centre POP au grand chauve, qui a pris tout son temps avant de la saisir, sans me quitter des yeux.
Il laissa un sifflement glisser entre ses dents, mâchoire crispée.
Finalement, je me demandais s'il n'était pas plus dérangé que son animal.
Ses yeux roulaient constamment, semblant chercher désespérément un point de fixation sur mon visage.

Il est finalement parti contrôler mon habilitation, me laissant avec son collègue rouquin et le chien des Baskerville.

J'entendais, plus loin, une musique légère flotter, portée par la brise printanière.

Le flic est revenu quelques minutes plus tard et m'a rendu ma carte.

"Qu'est ce que vous venez foutre par ici ? " , a t'il aboyé, en se penchant tout près de mon visage.
"J'ai vérifié, vous n'avez aucune mission de programmée dans le Secteur".

J'ai décroché mon sourire onze-bis (celui des décrispations d'atmosphères), prenant sur moi pour ne pas lui suggérer un cachou à la menthe.

"Tourisme" , j'ai répondu, goguenard.

N'espérant aucune réponse, je me suis glissé entre mes deux nouveaux amis,
"Pardon.."
évitant précautionneusement de marcher sur la patte du chien, et me suis éloigné en soupirant.

Il n'y avait pas grand monde à aimer les furets, ces temps ci.
De tous temps, d'ailleurs.

Chacun, pourtant, au fond de soi et même s'il le vomissait, reconnaissait l'utilité du Tirage au sort.
Le référendum de '57 avait conforté le gouvernement dans cette extrémité mais tout le monde crachait sur les exécuteurs.
Il fallait bien s'en prendre à quelqu'un.

L'expansion démographique, la fermeture des frontières avec la disparition de l'Europe, le repli sur soi des Etats-Unis, les progrès médicaux, l'ultra-urbanisation..
Tous ces facteurs avaient échappé au contrôle des gouvernements.

Ne rien faire, c'était condamner le plus grand nombre.
Alors, la Décision avait été prise.

Le chaos, les manifestations et les débats interminables avaient pourtant mis le pays au bord de la guerre civile durant près de deux ans.
Mais tout était écrit.
C'était inéluctable.

Et le vendredi 13 Juillet de cette funeste année 2057, le Tirage au sort avait été voté.
Le jour du Soleil Noir avait titré un journaliste à l'âme poétique.

Chaque famille s'était vue désignée par le Tirage, se voyant imputer d'un proche a chaque fois.
Aux derniers chiffres, c'étaient près de deux cent cinquante mille personnes qui étaient effacées chaque année.

Et puis, tous les jours, depuis cinq ans maintenant, des noms sortaient.
Des listes aux terribles consonances nazies, hurlaient les opposants.

Où était la poésie ?..

Alors, puisque c'était en fait une décision du Peuple, on se retournait contre les tueurs.
Contre ces types qui sonnaient a votre porte pour vous annoncer froidement qu'ils venaient abattre votre femme, par Décret de Juillet 2057 et après Tirage au sort.

Ce n'était pas une solution facile, naturellement, mais malgré toute l'horreur qu'elle engendrait, la problématique démographique s'estompait.
Lentement.
Trop lentement toutefois pour espérer revenir en arrière.
Revenir en haut Aller en bas
https://lesmysteresdelouest.forumgaming.fr
.
Hors-la-loi.. à jamais



Messages : 1060
Date d'inscription : 21/03/2011
Age : 61
Localisation : Dans les plaines, observant le soleil se coucher

Nouvelle Futuriste Empty
MessageSujet: Re: Nouvelle Futuriste   Nouvelle Futuriste EmptyLun 22 Aoû 2011 - 12:38


J'ai continué à déambuler tranquillement une bonne partie de la journée, sans même penser a me restaurer.
Profitant de la chaleur du soleil.

Celui-ci a bientôt commencé a glisser vers l'horizon et la Puce a décidée qu'il était grand temps de rentrer.
Je lui ai dis de la fermer, ce qu'elle a fait immédiatement.

M'arrachant a mes pensées, un type -.. à moins que ce ne soit une fille.. - m'a proposé une petite sauterie, non loin d'ici, chez lui.

J'ai refusé poliment et me suis dirigé vers un attroupement qui se tenait à l'ombre d'une gigantesque fontaine de marbre blanc, dont le mauvais goût se disputait au prix qu'elle avait du couter.

Il ne s'agissait, en fait, que d'un groupe de jeunes intellectuels discutant de je ne sais quoi, à grands renforts de gestes véhéments et autres ré-réajustements de lunettes.
Je crois bien que j'ai eu l'air con en essayant de voir ce qui pouvait bien se vendre pour attirer autant de monde.
Un où deux gars ont ricané de ma poire mais je les ai ignoré.
J'allais m'éloigner mais une voix m'a arrêté.

"Hey ! Jeune homme !"

Je me suis retourné.
L'homme était plus âgé. La cinquantaine et des cheveux gris balayés.
Visage buriné et séduisant.
Sur de lui.

"Approchez. N'ayez pas peur."

Peur ?
Et de quoi, donc ?

Il m'a tendu une main que j'ai serré négligemment.
Caché derrière mes verres fumés, j'analysais la situation.

Douze personnes hormis Poivre et Sel formaient un cercle qui se refermait, naturellement, autour de moi.
Sept gars. Cinq filles.
Pas d'agressivité latente. Juste de la curiosité.
Aucune arme visible.

Pas d'affolement.
Prof-Prof est simplement de sortie avec ses étudiants pour une leçon de vie.

"Vous n'êtes pas d'ici, n'est ce pas ?.."

J'ai répondu que non, que j'étais désolé mais qu'il me fallait rentrer retrouver ma vieille maman, avant qu'elle ne s'inquiète.
Seulement Poivre et Sel n'a pas eu l'air d'entendre.

"Vous êtes de quelle Université ?" a demandé l'inspecteur chargé des interrogatoires. "Anderson ?.."

Sans me laisser répondre, Poivre et Sel a enchainé.

"Formidable !.. Pourriez-vous nous aider.."

Sa phrase est resté en suspens, couverte par le bruit de la détonation.

L'adage comme quoi l'on n'entends pas la balle qui vous tuera s'est une nouvelle fois vérifié.
J'ai seulement ressenti une gigantesque poussée à la hauteur de mon omoplate gauche et j'ai vu le sol se précipiter sur mon nez dans un atterrissage en catastrophe.

C'est cette chute qui m'a fais éviter la seconde balle.
Prof-Prof n'a pas eu la même chance et son visage a explosé dans une gerbe de sang et de morceaux, provoquant hurlements et panique.

Fin de notre charmante conversation, me suis-je dis en roulant sur moi-même.

Une troisième balle a frappé le sol, à moins de dix centimètres de ma main.

Je me suis redressé en grimaçant.

Bilan de situation : la foule court en tous sens.
Impossible de localiser le tireur sans risquer de rejoindre Poivre et Sel pour terminer notre discussion au paradis.

J'ai commencé a courir, moi aussi.
Me coller à mes frères humains. Fondre et disparaitre.
Mais où ?..

L'entrée du Tube.

Je descends quatre a quatre les marches.
Une balle claque sur le mur, creusant un profond cratère.

Balle a fragmentation.
Le gars envoyait du lourd.

J'arrive sur le quai.
Bondé.
Les gens tournent leurs regards : la panique est audible d'ici.

Une autre balle a soudain fracassée la tête d'une abo qui avait eu la malchance de couper ma tangente et sa jolie robe s'est vilainement salie.
Le tueur ne me lâchait pas.

J'ai accéléré, plié en deux, jusqu'à ce qu'un connard ait la grande idée de crier
"A terre !.. A terre !.."

Le pire s'est alors produit : tout le monde lui a obéit !
Je me suis retrouvé seul debout, sur le quai, zigzaguant désespérément.

Pas longtemps, en vérité : la cinquième balle m'a traversé la cuisse de part en part et j'ai culbuté sur la voie.

Je pissais le sang et une froide panique a commencer à m'envahir.
Merde !.. Où sont les Cops !?..

J'ai voulu me relever mais rien n'y a fait je n'ai réussi qu'à pousser un gémissement d'impuissance.

Il y a eu un bruit sourd juste derrière moi : quelqu'un venait de sauter sur la voie.

J'ai roulé sur le côté en gueulant sous la douleur, juste avant de recevoir un violent coup sur la tempe.

Ca a fait comme un éclair dans ma tête et tout s'est mis a tourner très vite avant de basculer dans le noir absolu et glacé de la mort.

Revenir en haut Aller en bas
https://lesmysteresdelouest.forumgaming.fr
.
Hors-la-loi.. à jamais



Messages : 1060
Date d'inscription : 21/03/2011
Age : 61
Localisation : Dans les plaines, observant le soleil se coucher

Nouvelle Futuriste Empty
MessageSujet: Re: Nouvelle Futuriste   Nouvelle Futuriste EmptyMar 23 Aoû 2011 - 20:16

7.


La porte s'est effacée péniblement, dans un chuintement pneumatique, et un flot de lumière bleue électrique s'est glissé dans le couloir désert.

J'ai embrassé la salle d'un seul coup d'œil : le bar était presque vide, lui aussi, et j'ai déhalé péniblement ma carcasse endolorie jusqu'à l'une des nombreuses tables libres.

Il y avait quelque chose d'étrange et d'oppressant dans l'air.
Tout était si calme.
On entendait même jusqu'au souffle grave de la climatisation.

J'avais décidé, ce matin, de tenter ma première sortie en allant faire un tour au Stand.
Histoire de me replonger progressivement dans l'ambiance.

Le Stand était le lieu d'entrainement de la Corporation, branche armée du Centre POP.
Il se trouvait quelque part dans le périmètre des R.I., dans ce qui n'était qu'un petit bloc conique, réservé aux Furets.

L'entrainement était essentiellement axé au tir.
Pas sur des silhouettes en carton, non, mais sur des Simus Tridi-électroniques toute dernière génération.

Une ombre devant la lumière.

"J'ai appris que çà avait été juste, Deckard".

Sans attendre de réponse - et encore moins d'invitation -, l'ombre s'est assise en face de moi.
Alec Gourilevic avait le particularisme de n'appeler personne par son prénom.

"Salut Alec."

Il a vidé son verre sans un mot, me fixant avec insistance de ses petits yeux vifs.
Grand et sec, avec son visage en forme de lame de couteau, Alec semblait inexpressif et m'inspirait une profond antipathie.
Il le savait et en jouait.

J'ai enlevé mes lunettes et l'ai fixé a mon tour, dubitatif.

Il y avait décidemment quelque chose qui clochait, ici.
Tout était beaucoup trop calme.
Pas de musique, pas de coups de gueule.
Rien.

J'ai balayé la salle du regard avant de m'arrêter sur Gouri.

"Qu'est ce qui merde, ici, mec ?.." , j'ai sifflé d'un ton sec.
"J'ai loupé quelque chose où quoi ?.."

Un rictus cruel s'est dessiné sur les lèvres de Gourilevic.

"Possible, vieux.. Possible."

J'ai attendu en continuant de le fixer.
Savoir s'il se foutait de ma gueule où pas.
Il a sifflé un second verre avant de me regarder.

"Après toi, cinq Furets se sont fait tirer.. comme de vulgaires lapins !"

Satisfait de sa tirade Gouri eut un sourire carnassier.

"Seulement, eux, ils n'ont pas eu la chance d'être sauvé miraculeusement par un Cop".

J'ai froncé les sourcils.

"Qu'est ce que tu racontes ?.."

"La vérité" , a ricané cet abruti. "La stricte vérité. Quelqu'un a eu la géniale idée d'inverser les rôles : de Furets, nous sommes devenus gibiers !.. Marrant, non ?.."

Je laissais passer un long silence.

"Je n'étais pas informé.."

Gouri s'est versé un nouveau verre, l'a observé avec autant d'attention que s'il venait de découvrir le Saint Graal avant de le siffler et de lâcher :

"Ben, m'est avis que ce n'est pas un sujet que veut voir ébruiter le Centre.. Ca pourrait faire des émules."

Sans dire un mot, Tap Schane s'est assise a son tour.
Elle faisait partie des rares femmes a être devenues Furets .. mais, avec elle, il faut reconnaitre qu'il était difficile de réellement pouvoir parler de féminité.

Elle était grande et osseuse et, soyons francs, n'avait jamais rien fait pour s'arranger.
Ni le corps, ni la tronche.

Là, elle était vêtue curieusement d'un pantalon mexicain, rouge vif, serré en haut et évasé en bas, d'un gilet de même couleur et d'une chemise en soie blanche à manches bouffantes.
Un chapeau plat, noir, avec des rubans rouges, était posé à côté d'elle, sur la table.

Pour compléter la panoplie, elle portait une ceinture-cartouchière bouclée autour de la taille, avec un énorme Magnum en décoration.

"Tes chiffres sont devenus inexacts, mon cher Gouri.. Le High score vient d'être battu, avec six Furets.."

Elle laissa passa un silence, jouissant de l'attention.

"Mariaka a explosée dans son Patrouilleur, il y a moins d'une heure."

Le coup de poing qu'Alec asséna a la table fut semblable a une détonation et me fit bondir le cœur hors de la poitrine.

" C'est pas vrai !?.. Je sentais qu'il y avait quelque chose entre nous et que j'étais a deux doigts de conclure.."

J'ai brutalement chopé la veste de ce connard de ma main valide et l'ai attiré vers moi d'un mouvement sec.
Déséquilibré et surpris, il est tombé de sa chaise et s'est écroulé lourdement a mes pieds.
Sans lui laisser le temps de réagir, d'une nouvelle traction, j'ai ramené son visage tout près du mien.

" Ecoute moi bien, espèce de minable : Mariaka était une fille bien, une chouette gosse.. Et çà m'emmerde qu'un zonard comme toi la salisse, rien qu'en prononçant son nom !.. Tu comprends ?.."

"Rick !.. Laisse le !"

J'ai lâché la veste de Gouri qui s'est relevé précipitamment, blanc de rage.

"Tu as de la chance de ne pas être rétabli, Deckard !.. Sans celà je te butais pour ce que tu viens de faire !.."

Il s'est tiré, suivi de Schane dans son ridicule pantalon rouge.

J'ai poussé un profond soupir, me suis levé doucement et suis sorti sous l'œil noir du barman.

L'air de la rue m'a fais du bien, tout pollué qu'il était.
Un fin crachin noyait de brume un ciel désespérément bas et gris.

J'ai relevé le col de mon imper.

"Bonjour Rick".

La voix, dans mon dos, m'a fais l'impression d'une onde glacée qui descendrait le long de l'échine, délivrant un frisson incontrôlable.

Je me suis arrêté, j'ai baissé imperceptiblement la tête et fermé les yeux, l'espace d'une seconde.

J'ai pivoté, lentement.
Elle était là.

La première chose que j'ai vu, ce sont ses yeux très bleus, fixés sur moi, comme dans une interrogation muette.
Guettant un geste.

Elle est demeurée immobile et je regardais ses yeux, ses yeux qui sont d'un bleu extraordinaire.
Le bleu le plus céleste qui puisse exister au naturel dans un iris.

Je distinguais parfaitement le seul petit nuage flottant dans ce bleu céleste, cette tâche ovale, grise, dans son œil gauche, en bas, et qui vient de je ne sais quel orage de sa jeunesse.

Elle était vêtue d'une veste serrée, bleu sombre, et d'une jupe longue de la même couleur.
Sous la veste, elle portait un chemisier blanc.

Quelques rares bijoux.
Un maquillage discret soulignant son teint bronzé.

Ses cheveux, foncés, tombaient sur ses épaules, en cascade.
Son visage était triangulaire, avec des pommettes slaves et le teint doré des gens de l'autre Continent.

Elle fit un pas vers moi, lentement.

Je n'ai pas enlevé mes lunettes, préférant continuer a me dissimuler derrière les verres fumés.

Elle a souri.
Avec ce sourire que je connaissais si bien, ce sourire si éclatant.
Sa voix chaude a couvert les battements de mon cœur.

"Tu n'étais pas à ton appartement.. Je pensais bien te trouver ici.."

J'ai secoué doucement la tête, accentuant mon sourire.

"Bonjour Elibeth".

J'ai levé la tête vers le ciel gris, puis je l'ai regardé à nouveau.
Elle était là, immobile, comme insensible à la pluie qui glissait et coulait sur son si beau visage.
Revenir en haut Aller en bas
https://lesmysteresdelouest.forumgaming.fr
.
Hors-la-loi.. à jamais



Messages : 1060
Date d'inscription : 21/03/2011
Age : 61
Localisation : Dans les plaines, observant le soleil se coucher

Nouvelle Futuriste Empty
MessageSujet: Re: Nouvelle Futuriste   Nouvelle Futuriste EmptyLun 12 Sep 2011 - 13:03


8.


Le vent a balayé le sable, dans une longue et froide caresse, chassant les nuages par dessus les flots écumants.
Assis en fœtus, j'ai un peu plus enfoncé ma tête entre mes jambes, tentant de me soustraire a la morsure des éléments.

En bas, au pied de la dune, la silhouette rose a parue grandir, doucement, émergeant des vagues grises de l'océan avec la difficulté des premiers pas de l'enfant.
Le souffle du vent l'a aussitôt assaillie, tourbillonnant autour d'elle, la faisant frissonner.

La silhouette s'est alors mise à courir, escaladant la dune, trébuchant, se réfugiant enfin dans la chaleur de la serviette de bain.

"Merci."

Je sentais sous mes mains, a travers le tissu, la souplesse de son corps, la rondeur de ses épaules, la chute de ses reins.
Je redécouvrais des sensations oubliées, que je pensais enfouies a jamais, perdues aux tréfonds de mes souvenirs.
Elibeth a pivoté et m'a regardé avec ses grands yeux, si clairs..
Semblant sonder mon âme.

"Qu'est ce qui ne va pas, Rick ?.."

Je n'ai rien répondu.
Pas pour jouer le gars mystérieux, non.

Simplement parce que je n'en savais rien.

Tout semblait si différent, tout à coup.
Il y avait eu la grisaille de la mort, le doute, l'exécution de mon grand-père, Mariaka..

.. et puis brusquement, tout était balayé : Elibeth ressurgissait dans ma vie.
Et la mer.
Cette plage du Nord..

"Rick ?.."

J'ai brusquement eu du mal à respirer.
Comme si une cage s'était refermée sur ma poitrine.
L'enserrant et m'empêchant de retrouver mon souffle.

Je me suis assis.
Difficilement.

" Ton épaule te fait toujours aussi mal ?.."

J'ai regardé droit devant moi, sur l'horizon, là où la mer et le ciel se rejoignaient dans une brume grisâtre.

"Mariaka est morte." ai-je dis dans un souffle.

" Tu te souviens de Mariaka ?.. Nous avions fêter ensemble son arrivée au Centre POP.. Elle a explosé dans son Patrouilleur.. Volatilisée.. Déchiquetée.. Sans la moindre chance.."

Elibeth s'est assise a mes côtés et a posé deux doigts sur mes lèvres.
J'ai respiré son odeur, mélange de sable et de nacre.

Jamais nous n'avions parlé de mon travail.
C'était un sujet que nous évitions.
Pas un détail.
Parce que pour ce qui était des généralités, elle savait très bien ce que je faisais.

Elle a juste dit :

"Laisse toi aller."

Je n'ai rien répondu.
Je me suis juste blotti tout contre elle et je n'ai pas cherché a retenir mes larmes.
Revenir en haut Aller en bas
https://lesmysteresdelouest.forumgaming.fr
.
Hors-la-loi.. à jamais



Messages : 1060
Date d'inscription : 21/03/2011
Age : 61
Localisation : Dans les plaines, observant le soleil se coucher

Nouvelle Futuriste Empty
MessageSujet: Re: Nouvelle Futuriste   Nouvelle Futuriste EmptyMar 13 Sep 2011 - 10:16


9.


La pluie m'avait surpris.

Je sais, je sais : c'est bizarre de lire çà.
Pas la peine de ricaner.

Mais je croyais qu'ici, plus que partout ailleurs, il faisait toujours beau et chaud.
Que le soleil brillait en permanence.
Que rien ne venait jamais ternir le ciel.

Et puis, brusquement : l'averse.

Et cette image étonnante de tous ces gens courant s'abriter de cette eau tombant d'un ciel étrangement bleu et vide de tout nuage.

Dans les autres Zones, la pluie ne fait pas fuir les gens.
Elle fait partie intégrante de leur vie.
Comme l'air qu'ils respirent.

Mais ici, dans les quartiers huppés, tout est si différent.

Le Climaficiel n'est plus ce qu'il était, ai-je ricané (a mon tour).

Je me suis finalement glissé dans le hall d'une immense tour de verre, appelant l'ascenseur.
Un coup d'œil.
Bureau d'affaires. Secrétaires. Accueil. Cravates et mallettes en cuir.
Tout est normal.

Au trente deuxième étage, j'ai pénétré sans me faire annoncer dans le bureau d'Ismaël N'Gono, répartiteur itinérant, en me servant d'un code piqué dans le Centraliseur de la cabine.

Le susnommé était assis derrière un bureau qui devait bien faire la taille de mon appartement.
Il a levé la tête, a ouvert la bouche mais je l'ai devancé.

" Vous êtes Ismaël N'Gono.. Par application du Décret.."

Je n'ai pas eu le loisir de poursuivre.
Notre répartiteur a voulu me prouver qu'il était réellement itinérant en se levant soudainement de son siège.

Son visage avait viré au gris.
Ses petits yeux tous ronds fixaient mon Sauer & Sohn.
Il a bredouillé.

" Ce n'est pas possible.. Pas moi.. C'est une erreur.. C'est surement une erreur.."

Marrant, çà.
Quand on leur annonce qu'ils vont être effacés, les riches disent toujours que c'est une erreur.
Les pauvres, eux, savent très bien que ce n'en est pas une.

J'ai tiré une première balle qui a fait une éclaboussure rouge sur le boubou blanc d'Ismaël N'Gono, à l'endroit de son nombril.
Il a dû trouver que cela faisait salissant parce qu'il l'a couverte avec ses mains, en criant.

" Arrêtez ! .. C'est une erreur, je vous dis !"

J'ai tiré une seconde fois et la seconde balle a pénétré a quelques centimètres de la première, projetant le répartiteur contre le mur.

".. une err.."

La troisième balle l'a fait taire.
Définitivement.

Il a glissé, doucement le nez dans son épaisse moquette.

J'ai rangé mon arme dans son étui et suis sorti dans le couloir.
Direction : l'ascenseur.

Alerté par le bruit des détonations, les gens quittaient leur bureau, s'approchaient.

J'ai appelé l'ascenseur au moment où un grand type est entré dans le bureau d'Ismaël N'Gono.

Machinalement, j'ai ôté la sécurité de mon flingue.

Trop long.
J'avais été trop long.
Une seule balle aurait dû suffire.

"Un médecin, vite !"

Le gars est ressorti en trombe, l'air bouleversé, ses mains poisseuses de sang.

"On.. on a tiré sur Ismaël !.."

Pour perpétuer la tradition, deux femmes ont poussé un petit cri strident tandis que d'autres gars pénétraient dans le bureau.

Presque au ralenti, j'ai vu un type poser son regard sur moi, immobile devant l'ascenseur.
Sûr que mon comportement devait lui paraître étrange.

Quand quelqu'un gueule au meurtre, c'est plus logique de se précipiter pour renifler l'odeur du sang que d'observer la porte grise et fade d'un ascenseur.

"Hey, vous !.."

Presque innocemment mon doigt s'est a nouveau posé sur le bouton d'appel.
Si ce connard d'ascenseur ne se magnait pas à arriver, pas mal de choses risquaient de se compliquer sous peu.

" Hey !.." a gueulé le type.

J'ai pivoté, lentement.
A dix mètres -..peut-être moins..-, tout le groupe me faisait maintenant face.

"Qui êtes vous ?.. Qu'est ce que vous foutez là ?.. Vous avez un code d'accès a cet étage ?.."


Tant de questions.
Pour toute réponse, j'ai sorti ma carte du Centre et l'ai brandi sous leurs nez.

" Ca vous convient comme code d'accès ?.."

A mon avis çà n'a pas eut l'air de leur suffire vu que trois où quatre gaillards ont fait un pas dans ma direction.
J'ai d'abord cru que c'était pour mieux voir la photo mais leurs mines décidées m'ont incitées à revoir ma première impression.

Un nouveau pas et ma main plongeait sous mon cuir, ramenant prestement mon arme.
Je l'armais d'un claquement sec, canon pointé vers le ciel.

Le bruit résonna lugubrement dans le couloir soudainement silencieux.

Un des types fit brusquement demi-tour, disparaissant dans l'un des bureaux.
Les autres s'immobilisèrent, surpris.
Pensaient peut-être que j'allais rester là, passible, a les attendre bien sagement ?..

L'ascenseur s'est enfin, pointé, péniblement.

"Pas trop tôt", j'ai râlé en m'engouffrant dans la cabine.

Soufflant bruyamment, j'enclenchais la touche du rez de chaussée.
La porte se referma lentement mais je n'entendais aucun bruit de pas dans le couloir.

Je me laissais aller contre la cloison.
J'avais salement foiré.
Trop lent. Trop sûr de moi. Trop distrait.

Trop amoureux ?..

La porte s'est brutalement effacée et j'ai sursauté en voyant l'homme pénétrer dans la cabine, un énorme cube rouge dans les bras.
Ma frayeur le fit sourire.

" Tout va bien, jeune homme ?.."

Je fermais les yeux, le temps d'un soupir mais ne répondit pas.
L'homme haussa les épaules avant de pivoter face a la porte, me tournant ostensiblement le dos.

Mécaniquement, la tête renversée en arrière, je regardais défiler les touches lumineuses des étages.
"Rez de Chaussée" , a annoncé une voix mécanique.
La porte s'est effacée silencieusement.

Le type au cube est sorti.

En fait, non.
Il a voulu sortir mais n'a pas eu le temps de faire un pas.

Deux balles lui ont fais explosé la tête, envoyant voler des morceaux de cervelle tous azimuts.

Atteint d'une nouvelle décharge en pleine poitrine, il fut projeté en arrière, s'écrasant dans un bruit écœurant contre le miroir de la cabine, le salissant d'une vilaine couleur rouge foncé.
Revenir en haut Aller en bas
https://lesmysteresdelouest.forumgaming.fr
.
Hors-la-loi.. à jamais



Messages : 1060
Date d'inscription : 21/03/2011
Age : 61
Localisation : Dans les plaines, observant le soleil se coucher

Nouvelle Futuriste Empty
MessageSujet: Re: Nouvelle Futuriste   Nouvelle Futuriste EmptyMer 21 Sep 2011 - 11:54


En réflexe, j'ai enclenché la touche du sous-sol de la main gauche, tandis que la droite dégainais promptement mon Sauer.
Je pris un profonde inspiration.

Le bol.
C'était à moi que ces types en voulaient et si le gars au cube ne s'était pas trouvé dans la cabine, où si c'était moi qui en étais sorti le premier..

Comme dans un flash, j'ai soudain revu le collègue d'Ismaël N'Gono quitter le groupe et pénétrer dans un bureau..
Prévenir.
Mais qui ?.. Les tueurs de Furets ?..

La cabine a stoppé brutalement et la porte s'est effacée de nouveau.
Le sous-sol était sombre, simplement éclairé par de faibles néons qui ne produisaient que de minuscules taches de lumières.
Je m'y suis glissé, prudemment.

La détonation a claquée, déchirant le silence et résonnant dans un bruit d'enfer.
J'ai senti un violent choc m'arracher la main droite.

Mon arme s'est envolée dans l'obscurité, retombant dans un claquement sec, loin de moi.
Si loin.

Nouvelle détonation.
Le souffle de la balle m'a vrillé les tympans, avant de faire exploser un pan de mur, juste derrière moi.
Le méchant, tout méchant soit-il, avait une qualité indéniable dont je me serais bien passé : il savait tirer.

Je distinguais une porte de service, sur ma gauche.
J'y ai couru.
Pas le temps de récupérer mon arme.

Au moment de m'y enfiler, j'ai jeté en une fraction de seconde, un regard derrière moi.
J'ai deviné la silhouette du tireur dans le parking au moment où il traversait une flaque de lumière.
Mais mon cœur a tressailli en voyant courir un autre type, sur la rampe qui menait aux générateurs de la Tour.

Deux.
Ils étaient deux à me courser.
Revenir en haut Aller en bas
https://lesmysteresdelouest.forumgaming.fr
.
Hors-la-loi.. à jamais



Messages : 1060
Date d'inscription : 21/03/2011
Age : 61
Localisation : Dans les plaines, observant le soleil se coucher

Nouvelle Futuriste Empty
MessageSujet: Re: Nouvelle Futuriste   Nouvelle Futuriste EmptyMer 21 Sep 2011 - 12:34

10.


J'ai foncé dans le passage, vide de toute présence humaine.
Au bout, il y avait une porte marquée SERVICE.
J'ai senti mon cœur se serrer mais elle n'était pas fermée.

Je l'ai poussée et juste au moment où je m'enfilais dans une salle toute aussi sombre, j'ai vu une silhouette se dessiner a l'autre bout du tunnel.
J'ai refermé la porte dans mon dos et me suis retrouvé dans la nuit la plus totale.
Une nouvelle balle a fait sonner le métal, résonnant lugubrement.

J'ai rabattu un loquet et pris une pause de neuf secondes pour inspirer-rejeter trois fois.
J'avais débloqué l'araignée tic-tac.
Il n'y avait qu'elle pour me tenir compagnie.

.. tu as peur du noir, Furet ?..

L'obscurité était totale.
Un voile noir, opaque, d'où ne filtrait aucune once de clarté.
J'ai senti une pointe de claustrophobie me gagner mais ma peur a été la plus forte et j'ai commencé à avancer à tâtons.

Je progressais au ralenti en me cognant dans ce qui devaient être des meubles mais aussi dans des trucs qui pendaient du plafond.
Je me suis claqué le menton dans quelque chose qui ressemblait a une roue dentée.
Je me suis écorché la paume de la main sur un machin pointu.

Pas possible autrement : je devais être dans une ancienne salle des tortures, perdu dans un donjon d'où surgirait un Troll qui me dévorerait.

Il fallait que je me tire de là presto.
Pas le temps de faire un jeu de Rôle !

J'ai finalement aperçu un fin liseré de lumière.
Une porte.

Fermée.

J'ai tourné la poignée en tous sens.
Tiré dessus.
Poussé.

Rien.

Soudain, j'ai entendu une voix : çà causait, derrière.
J'ai frappé, cogné et fracassé mes poings sur le montant.

On a cessé de causer.. mais pas ouvert pour autant.
J'étais coincé.

Lorsque la porte métallique que j'avais bloquée, a sauté, à l'autre bout de la pièce, le vacarme a été effroyable.
Mes poursuivants mettaient le paquet.

La seule bonne nouvelle, c'est que çà a décidé "la voix" a ouvrir ma porte.

"Qu'est ce qui se passe ?..", a bredouillé une minette, effarée.

J'ai esquissé un mince sourire.

"Ah, çà, c'est une surprise."

Je ne me suis pas attardé à guetter sa réponse.
Derrière j'entendais des bruits de pas.
J'ai bousculé un type en vareuse jaune, j'ai slalomé entre des bureaux couverts de papiers et autres dossiers, avant de ressortir du local, par l'autre porte.

J'ai étouffé un juron en débouchant sur un quai de Métro.
Encore !?..

J'ai couru.
Une autre balle a couru après moi (.. et beaucoup plus vite !) mais elle est passée au moins a un mètre sur ma gauche.
Le tireur s'énervait et perdait ses moyens.
Bon, çà.

J'ai tourné à droite et me suis retrouvé sur une rampe mobile.. qui allait dans le mauvais sens !

Quand ça veut pas, çà veut pas.

J'ai couru a contresens.
J'allais presque aussi vite qu'un escargot gouteux et centenaire.

Un type m'est arrivé dessus, en pleine trajectoire de collision.
Pas le temps (ni le réflexe) de l'éviter : j'ai baissé la tête et fermé les yeux.
Léger inconvénient : il portait une grande caisse de canettes que j'ai envoyé voler en tous sens.

Je tricotais.

Il y a eu une détonation et un cri.
Mon courseur avait dû aligner un innocent.

Je suis enfin arrivé au bout de la rampe.
Mes jambes me faisaient mal.

J'ai débouché sur un autre quai.
Un grand.
Noir de monde.

J'ai commencé à donner du coude dans la foule.

Une nouvelle balle a sifflé et, d'un coup, je n'ai plus eu mal aux jambes.
Ces types étaient cinglés : ils tiraient sans viser, au jugé, dans la foule.
J'ai accéléré mais n'ait plus eu besoin de me frayer un chemin : on s'écartait de moi avec précipitation.
L'impression d'être aussi attractif qu'un paratonnerre un soir d'orage..
Revenir en haut Aller en bas
https://lesmysteresdelouest.forumgaming.fr
Contenu sponsorisé





Nouvelle Futuriste Empty
MessageSujet: Re: Nouvelle Futuriste   Nouvelle Futuriste Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Nouvelle Futuriste
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Nouvelle Futuriste.
» Une nouvelle recrue ?!
» Bonne Nouvelle !!!!
» Nouvelle idée

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
 :: Le Saloon :: Once upon a Time..-
Sauter vers: