Messages : 1060 Date d'inscription : 21/03/2011 Age : 61 Localisation : Dans les plaines, observant le soleil se coucher
Sujet: Comme un souffle de vent.. Sam 9 Avr 2011 - 14:12
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John Marston tomba, plus qu'il ne descendit de son cheval. Il ne put retenir un gémissement. Il avait chevauché toute la nuit et la journée suivante, sans prendre le temps de s'arrêter, et son corps n'était que supplice et douleurs.
Il voulait arriver avant la tombée du jour mais la fatigue était trop forte et son cheval n'en pouvait plus, l'obligeant a ralentir sa cadence. Il noua les rênes de son Pinto mais celui ci aurait été incapable de faire un pas de plus. Homme et bête se rejoignaient dans la souffrance.
Marston caressa le cou de l'animal en balayant la ferme du regard. Nulle âme qui vive. Où diable était encore passé l'Oncle ?.. Probablement parti noyé ses souvenirs dans un fond de bouteille, à Armadillo, alors qu'il lui avait demandé de veiller sur le ranch.
Mais le cowboy était décidemment trop fatigué pour se mettre en colère. Il souleva son chapeau et s'essuya le front avec son bandana, tout en se promettant que, demain, ils auraient une discussion.
Tournant le dos à la grange, il se dirigea d'un pas lent vers la maison qu'éclairait faiblement une lanterne sourde, accrochée sous le porche. Il pénétra silencieusement dans la maison endormie.
Le feu couvait dans l'âtre, et quelques bougies donnait un aspect fantomatique à la pièce. John se dirigea vers la chambre a coucher de son fils sans un bruit, ouvrant la porte avec mille précautions. Il eut un sourire en voyant Jack, peletonné sous la couverture, dormant paisiblement.
Il s'approcha et, doucement, glissa sa main dans ses cheveux. Dieu, que son fils était beau et paisible.
Il resta de longues minutes, assis sur le bord du lit, l'observant avec tendresse, avant de se décider a quitter la chambre. Il but une longue rasade d'eau fraiche avant de se diriger vers leur chambre a coucher. Il poussa la porte.. et s'arrêta net sur le seuil : Abigail n'était pas là.
Il fronça les sourcils et revint sur ses pas, tout en murmurant : "Abigail ?..". Nulle réponse en retour; juste un frisson glacial qui lui glisse le long de l'échine et sa bouche subitement sèche, chuchotant de nouveau : "Abigail"..
Personne dans le bureau, la cuisine où la réserve. Et cette fois, la surprise qui se mue, insidieusement, en une terreur sourde et tenace.
De reour dans la chambre de Jack, sa main glisse sur sa main sur l'épaule de son fils : ".. Jack.. Jack .. où est ta mère ?.."
Le jeune homme, secoue la tête, les yeux toujours clos. Un souffle de vent lui caresse la joue. "..papa.."
Marston se relève alors. Nul besoin d'inquiéter son fils. Il va retrouver, sa femme. D'ailleurs, elle va rentrer dans trente secondes, revenant du puits et ils éclateront de rire lorsqu'il lui racontera sa frayeur.
Mais la porte ne s'ouvre pas. Une cage semble se refermer sur la poitrine de John Marston, l'empêchant presque de respirer. Il franchit le seuil et se retrouve sur le porche. La nuit est maintenant étoilée et un vent chaud souffle du sud.
Quelques pas et soudain son coeur cesse de battre l'espace d'un instant : elle est là. Il apperçoit sa silhouette, près de l'arbre, là haut, sur la butte, observant les étoiles.
John Marston sent ses jambes fléchir sous son poids et il s'accroupit reprenant son souffle, les yeux clos. "Merci, mon Dieu"..
Il se redresse enfin et l'observe, mince silhouette se découpant face a la lune. Depuis toujours, main dans la main, ils ont aimé observer le soleil se coucher depuis cet endroit. C'est d'ailleurs là qu'elle lui avait annoncé qu'il allait être père. Il y a seize ans, déjà.
Le vent s'est calmé lorsqu'il la rejoint. Elle ne l'a pas entendu, semblant perdue dans ses pensées.
Lorsqu'il pose un baiser dans son cou, Abigail sursaute et frissonne. "Pardonne moi, chérie.. Je ne voulais pas t'effrayer.."
Devant son silence, John semble décontenancé. De nouveau, il poses ses lèvres sur le cou de sa femme et, de nouveau elle frissonne.
Elle se retourne enfin. Ses yeux sont noyés de larmes lorsqu'elle le regarde.
D'une voix éteinte, elle murmure, comme pour elle même : " .. ce n'était que le vent.. un souffle de vent.."
Non, se dit John.. Elle ne me regarde pas. Il se retourne mais il n'y a personne derrière lui.
"Abigail ?.. Que t'arrive t'il ?..Mais explique moi, enfin.."
La jeune femme ne réponds pas. Elle lui tourne de nouveau le dos, avant de finalement s'éloigner redescendant vers la ferme..
Alors qu'il va pour la rattraper, John apperçoit soudain, dans l'obscurité, un objet fiché dans le sol. Hésitant, il s'accroupit mais l'obscurité est maintenant totale.
Il frotte alors une allumette et sent son coeur se glacer. L'objet en question est une croix, et sur cette croix est gravée son nom.
Alors, comme dans rêve, il s'éloigne doucement de sa maison, de sa femme et de son fils. Emporté. Comme un souffle de vent..
Esprit du faucon Hors-la-loi.. à jamais
Messages : 1685 Date d'inscription : 26/03/2011 Age : 41 Localisation : Par delà les cieux
Sujet: Re: Comme un souffle de vent.. Sam 9 Avr 2011 - 14:33
Euhhhh.... comment te dire, la sensation de frisson qui parcours l'échine je l'ai eu tout simplement! c'est génial, je ne m'attendais pas à ça chef!!!! woaohhhh!!!! je suis scotché! faut qu'on écrive un bouquin!!!
Jose De Santos Pistoléro
Messages : 193 Date d'inscription : 03/05/2011 Age : 29 Localisation : Non loin Del Campo Miranda
Sujet: Re: Comme un souffle de vent.. Lun 30 Mai 2011 - 14:36
Waaa quel histoire. Je ne m'attendais pas du tout à ça. Surtout à cet fin. Quel histoire poignante et magnifiquement racontée. J'en ai encore des comment dire "une sensation bizarre au niveau du coeur" .
Invité Invité
Sujet: Re: Comme un souffle de vent.. Lun 30 Mai 2011 - 14:45
C'est vrai que c'est un texte qui prend aux tripes. Je ne sais vraiment pas pourquoi je n'avais pas posté de réaction au moment où tu l'as écrit, Jim...
. Hors-la-loi.. à jamais
Messages : 1060 Date d'inscription : 21/03/2011 Age : 61 Localisation : Dans les plaines, observant le soleil se coucher
Sujet: Re: Comme un souffle de vent.. Lun 30 Mai 2011 - 19:02
Merci les enfants..
Même tardifs, ces compliments me vont droit au coeur.